LA VIE DE BARBARA

 

De toutes les légendes de saints, l’histoire de sainte Barbe est l’une des plus riches du Moyen Âge. Les récits en donnent de nombreuses variantes et l’Église, par la diffusion des images, contribue à sa popularité du IXe au XIIIe siècle, en Orient comme en Occident.

Barbara est probablement née en Turquie ou en Syrie au milieu du IIIe siècle après J.-C. Fille unique de Dioscore, satrape (gouverneur) de la province, elle refuse le mariage et vit dans une tour que lui fait construire son père afin de la tenir écartée de ses prétendants. C’est là que Barbara reçoit la visite d’un ange qui lui explique la Passion du Christ et la Rédemption. Elle entreprend une correspondance avec

Origène, un savant d’origine grecque, se convertit au christianisme et reçoit le baptême.

À cette nouvelle Dioscore entre dans une colère noire. Armé de son épée, il poursuit sa fille dans toute la ville. Barbara trouve alors refuge dans un rocher qui s’ouvre miraculeusement face à elle. Mais, avec l’aide d’un berger qui trahit sa cachette, son père la retrouve et l’enferme dans un donjon. De là, il la conduit devant le juge Marcien qui tente de lui faire abjurer sa religion. Devant son refus, le juge la condamne aux plus atroces supplices : elle est fouettée avec des nerfs de bœuf, brûlée par des lames rougies au feu, pendant qu’un autre bourreau lui arrache les seins avec un peigne de fer. Selon la légende, Barbara ne ressent aucune douleur.

Pour achever ses tortures, elle est promenée nue sur un char jusqu’au moment où un ange, descendu du ciel, couvre d’un voile son corps sanguinolent. Le sinistre convoi achève sa route au sommet d’une montagne. Là, Dioscore, devant l’ultime refus de sa fille d’abjurer, la décapite. Il est aussitôt frappé par le châtiment céleste, foudroyé et réduit en poussière.

 

LES ATTRIBUTS DE SAINTE BARBE

 

L’attribut est un objet ou un symbole attaché à la vie d’un saint (saint Roch et son chien) ou d’une figure allégorique (la Justice et la balance), historique (Louis XIV et le soleil) ou mythologique (Poséidon et le trident). Il permet de reconnaître le personnage représenté. Le saint et son attribut font ainsi un tout, un ensemble indissociable, facilement identifiable dans les images, au Moyen Âge comme aujourd’hui.

Les attributs de sainte Barbe sont généralement au nombre de cinq. Ce sont la tour, le ciboire, le livre, l’épée et la plume de paon. Ils n’apparaissent pas toujours ensemble dans l’iconographie de la sainte, mais permettent de l’identifier plus aisément.

La plume de paon fait référence aux fouets des bourreaux qui se transforment en plume de paon, ou à la chair de l’animal qui ne se corrompt pas et devient emblème d’immortalité et de résurrection. Elle peut également s’apparenter à la palme des martyres.

La tour est l’attribut le plus reconnaissable. Elle peut apparaître dans le paysage, en construction ou non ou au pied de la sainte, tenue à la main ou en coiffe. Elle symbolise sa séquestration, elle est percée des trois fenêtres symbolisant la Trinité (la désignation de Dieu en trois personnes, le père, le fils et le Saint-Esprit).

Le livre est un attribut fréquent dans l’iconographie de la sainte. Le livre ouvert rappelle que Barbara étudiait les textes saints alors qu’elle était enfermée dans sa tour et qu’elle parvint à établir une correspondance avec Origène.

Le ciboire symbolise les derniers sacrements, donné avant la mort aux agonisants.

Barbara leur adressa une prière avant de mourir et la sainte est invoquée pour préserver de la « mâle mort » (c’est-à-dire la mort sans avoir reçu les derniers sacrements), si redoutée au Moyen Âge.

L’épée (non illustrée) posée au sol ou tenue par sainte Barbe, rappelle que Barbara fut, après son supplice, décapitée par son père Dioscore. Dans certaines représentations, Dioscore figure au pied de sa fille.

Les artilleurs fêtent depuis plusieurs siècles Sainte-Barbe. Aujourd’hui, plus qu’une sainte patronne qui trouve son origine dans les corporations du moyen âge, elle est devenue une figure emblématique dont la force de caractère commande à la foudre donc au feu. La vie de Barbe doit toujours être présentée accompagnée d’une explication et d’une contextualisation qui permettent une appropriation des valeurs qu’elle représente par tout un chacun.

C’est une fête où détente, bonne humeur et simplicité trouvent leur place. Une bonne et belle fête de Sainte-Barbe est le symbole de la bonne santé psychologique d’une unité d’artillerie. Trois activités se développent selon une chronologie qui peut varier : montée des couleurs et/ou prise d’armes, challenge de sports collectifs et repas de cohésion.

Exégèse de la légende de Sainte Barbe

« Depuis des siècles, les artilleurs et tous ceux qui utilisent la poudre fêtent Barbe comme sainte patronne suivant la tradition chrétienne qui vient d’être rappelée et comme cela existe dans de nombreux métiers. Mais Barbe est-elle aujourd’hui une sainte patronne ou, dans une approche plus adaptée à notre société, une figure emblématique dont la force commande à la foudre ? C’est cette deuxième définition qu’il convient de retenir.

Au-delà de la connotation religieuse, Barbe symbolise deux qualités fondamentales du soldat et de l’artilleur  :

  • sa force de caractère qui doit être une référence pour l’homme dans l’action et donc pour le soldat ;

  • sa maîtrise de la violence qui doit être un modèle pour l’artilleur qui connaît la force des armes qu’il est en mesure de lui opposer.

Ces vertus trouvent à l’évidence leur champ d’application autant en tant de paix, qu’en temps de crise et a fortiori en temps de guerre.

Barbe, en ce début de XXIème siècle est donc devenue dans l’artillerie un modèle, une figure emblématique qu’il convient que nous gardions tous en mémoire. »

 

Vive Sainte-Barbe